Rencontre avec Laura MILANO, la plus vendômoise de nos guides conférenciers
Laura, dites-nous un peu qui vous êtes?
J’ai vécu plusieurs vies, dont une bonne partie hors du Vendômois. A l’écrit, vous ne pouvez pas le devinez, mais si cette interview avait été enregistrée vous auriez tout de suite entendu que je suis d’origine italienne.
Jeune, j’aimais déjà beaucoup l’art, l’histoire de l’art. J’avais 16 ans lors de mon premier voyage en France et je me souviens très bien de ma découverte de la cathédrale Notre-Dame que nous avions visitée que de l’extérieur. Puis, j’ai fait des études de langues étrangères.
Je suis arrivée en France avec mon mari en 2010, l’occasion pour nous de commencer une nouvelle étape de notre vie. C’est à ce moment-là que j’en ai profité pour renouer avec mes premières amours et passé l’examen de guide conférencier. Je m’estime hyper chanceuse d’avoir réussi à obtenir ma carte de guide dans ce pays tellement riche en matière de patrimoine, où les références communes avec l’Italie sont nombreuses. Je rêvais de de mieux connaître le Gothique, ici je suis « servie »!
ça consiste en quoi le métier de guide conférencier?
En France, il faut être détenteur d’une carte de guide conférencier pour être habilité à faire des visites guidées dans les monuments historiques classés ou inscrits à l’inventaire des monuments historiques.
C’est un travail qui stimule beaucoup, il faut lire, étudier en permanence.
C’est un métier qui permet de rencontrer beaucoup de personnes, des Français, des étrangers, des adultes, des enfants. Il faut s’adapter à nos différents publics en permanence, la visite n’est jamais la même. La récompense pour un guide conférencier, c’est l’étincelle que l’on arrive parfois à allumer dans les yeux de nos visiteurs. Tu arrives à transmettre l’idée que le patrimoine est un trésor énorme et qu’il faut le protéger.
Moi, je suis d’une nature stressée. Alors chaque visite est toujours comme une « première fois ». J’ai l’impression de passer un examen; c’est très stimulant mais en même temps cela me fait peur. Notamment avec les groupes de passionnés d’histoire qui ont parfois des questions très pointues.
C’est un métier de passion car il faut quand même avouer que c’est difficile d’en vivre.
Qu’est-ce qui passionne le plus dans votre métier?
J’aime parler du patrimoine qui a disparu aujourd’hui. Je suis par exemple émerveillée par les textes et les enluminures des XIè-XIIè siècles des fonds anciens de la médiathèque de Vendôme.
Parler de ce patrimoine, surtout le petit patrimoine, c’est contribuer à ma manière à ce qu’il ne soit pas complètement rayé de l’histoire; à attirer l’attention sur lui pour agir avant qu’il ne dépérisse.
J’aime également les visites avec les nouveaux Vendômois, car ce sont eux qui vont dessiner le nouveau visage de Vendôme & du Vendômois dans les années à venir.
J’aime creuser un peu plus les sujets/les thématiques pour chercher et trouver des lieux/des détails que les visiteurs n’ont pas l’habitude de voir. Je me mets dans la peau de mes visiteurs; il faut s’imaginer étranger chez soi pour bien explorer tous les recoins de la ville et dénicher les petites pépites patrimoniales.
Quel est votre site préféré en Vendômois?
Le patrimoine roman en Vallée du Loir m’émeut beaucoup. Le circuit des églises à fresques et peintures murales n’est pas assez valorisé à mon goût. C’est un patrimoine exceptionnel que nous avons et j’ai l’impression que ce sont les voyageurs de l’autre bout du Monde (comme les groupes de Japonais que nous accueillons parfois) qui en sont le plus conscients.
Une anecdote à nous raconter sur l’une de vos visites?
je vous disais tout à l’heure qu’il faut s’adapter à nos différents publics. J’ai eu récemment le cas car, au cours d’une visite découverte du centre-ville historique de Vendôme, une visiteuse s’est focalisée sur une question qui n’avait rien à voir avec les monuments que je faisais découvrir au groupe: « Pourquoi la N10 passait dans la rue Poterie à un moment donné? »
Impossible de l’intéresser à l’histoire de la porte Saint-Georges ou de l’abbaye de la trinité, seule la réponse à sa question l’intéressait. Heureusement, ce sont d’autres participants à la visite, qui lui ont fait comprendre que la visite ne portait pas sur cette partie de l’histoire de la ville.
Laura n’est pas ce que l’on appellerait une guide conférencière « académique ». En bonne italienne, elle est volubile et passionnée; ce qu’elle veut c’est intéresser les participants à ses visites et leur permettre de comprendre les monuments devant lesquels ils se trouvent.
Pour suivre l’une des visites guidées de Laura, découvrez le programme des visites « ville d’art et d’histoire ». Vous pouvez également la retrouver l’été à la maison natale de Ronsard où elle assure des visites guidées du manoir et de ses communs troglodytiques.